Guillaume Connesson, né en 1970, est actuellement un des compositeurs français les plus joués dans le monde. Des commandes sont à l'origine de la plupart de ses oeuvres (Royal Concertgebouw Orchestra, Philadelphia Orchestra, Orchestre National de France...) ainsi Pour sortir au jour commande du Chicago Symphony Orchestra (2013) ou Les Trois Cités de Lovecraft (co-commande du Netherlands Philharmonic Orchestra et de l'Orchestre National de Lyon). Par ailleurs sa musique est régulièrement interprétée par de nombreux orchestres (Brussels Philharmonic, Orchestre National de France, National Symphony Orchestra, Cincinnati Symphony Orchestra, The Philadelphia Orchestra, New York Philharmonic,...). En février 2020, est créé son premier opéra Les Bains Macabres au Théâtre Impérial de Compiègne, qui sera repris à Paris au Théâtre de l'Athénée.
Il remporte deux Victoires de la Musique en 2015 et en 2019 ainsi que le Grand Prix de la Sacem en 2012. Sa discographie comprend entre autres deux monographies de musique de chambre et trois monographies symphoniques chez Deutsche Grammophon. La première Lucifer et la troisième Lost Horizon ont obtenu le Choc Classica, la deuxième Pour sortir au jour de nombreuses récompenses critiques comme le Diapason d'Or de l'année ainsi que le Choc Classica de l'année.
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Après des études au Conservatoire National de Région de Boulogne-Billancourt (sa ville natale) et au Conservatoire National de Paris, il remporte des Premiers prix de Direction de choeur, Histoire de la Musique, Analyse, Electro-acoustique et Orchestration. Depuis 2020, il est professeur d'orchestration au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.
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En 2023, il écrit pour Alexandre Kantorow son deuxième concerto pour piano, L'espérance de l'aube, commande de la Fondation Louis Vuitton et créé par le Scottish Chamber Orchestra sous la direction de Lionel Bringuier. En 2024, le Concertgebouw d'Amsterdam, le Tapiola Sinfonietta, le New Zealand Symphony Orchestra et l'Orchestre de Paris lui co-commandent son deuxième concerto pour flûte qui sera créé par Emily Beynon et le RCO sous la direction de Klaus Mäkelä, dans un concert où figure également au programme son concerto de hautbois.
Il sera en résidence à partir de la saison 2025/2026 au Bern Symphony Orchestra.
RÉSIDENCES
Bern Symphony Orchestra (2025-2026)
Orchestre National d'Ile-de-France (2019-2021)
Netherlands Philharmonic Orchestra (2017-2018)
Orchestre National de Lyon (2016-2018)
Compositeur associé du Brussels Philharmonic (2016-2020)
Orchestre de Pau Pays de Béarn (2010-2012)
Royal Scottish National Orchestra (2005-2007)
Orchestre National des Pays de la Loire (1999-2003)
RÉCOMPENSES
Grand Prix de l'UNAC (2020)
Victoire de la Musique Classique, compositeur de l'année (2019)
Victoire de la Musique Classique, compositeur de l'année (2015)
Grand Prix de la musique symphonique de la Sacem (2012)
Grand Prix Lycéens des compositeurs (2006)
Prix Nadia et Lili Boulanger de l'Institut de France (1999)
Prix Cardin de L'Institut de France (1998)
Né en 1970, Guillaume Connesson n’a pas subi les diktats idéologiques et esthétiques qui régissaient encore le travail des artistes de la génération précédente. Toujours bien sonnante, souvent spectaculaire, sa musique a profité, au contraire, d’influences multiples, sans frontière ni tabou. Avec un mélange de pragmatisme et de naïveté qui sont la marque des grands créateurs, un univers très personnel s’est construit. L’inspiration de Guillaume Connesson a ainsi pu suivre, au fil du temps et d’œuvres d’une grande diversité, “la mosaïque complexe du monde contemporain”, pour reprendre ses propres termes.
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Ses premiers pas de compositeur sont guidés par un besoin d’ouverture qui s’exprime par l’influence marquante des musiques populaires, perceptible dans des œuvres comme Night Club, pour orchestre (1996), le Double Quatuor (1994) ou la Disco-Toccata (1994). Cette veine essentiellement rythmique et hédoniste, si rare dans la musique savante contemporaine, s’est poursuivie jusqu’à la brillante Techno-Parade pour flûte, clarinette et piano, composée en 2002. Comme chez les compositeurs répétitifs américains (Reich, Adams) qui eurent également une influence déterminante sur le jeune Connesson – en témoigne encore son Sextuor de 1998 – l’esprit de la danse irrigue ses partitions. On ne sera pas surpris non plus de constater que son invention ait alors été stimulée par le cinéma avec L’Aurore, en 1998, pour accompagner le film muet de Murnau.
Dans ses œuvres orchestrales, Guillaume Connesson cherche en effet à créer des images fortes, propres à impressionner durablement l’auditeur. Il aime cependant les atmosphères changeantes et les mélodies sinueuses qui trouvent leur résolution dans une écriture riche, dense, parfois touffue et pourtant toujours lisible. L’Appel du feu, suite tirée de L’Aurore, Enluminures (1999) ou le Triptyque symphonique (1997-2007) illustrent ce métier d’orchestrateur hors pair, dont les recherches harmoniques sont toujours au service de l’expression. Autrement dit, le langage musical lumineux choisi par le compositeur n’est jamais assujetti à des expérimentations stériles. Pragmatisme contre idéalisme ? Oui, si l’oreille est préférée à la spéculation. Connesson, ô révolution !, écrit pour des musiciens complices. Il tente aussi, par tous les moyens musicaux à sa disposition, de s’adresser à un public dont il sait capter l’attention et aiguiser la curiosité.
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Puisqu’il aime par-dessus tout l’opéra et qu’il n’a pas peur des épanchements lyriques, Guillaume Connesson devait écrire pour la voix. Liturgies de l’ombre, Le Livre de l’amour et Medea, pour voix de femme, ont vu le jour entre 2000 et 2004 et marquent certainement une inflexion, voire un tournant dans son parcours de compositeur. Ces pages dévoilent un monde plus intérieur, tourmenté, angoissé. Des interrogations nouvelles transparaissent dans de pénétrantes élégies (“De L’espérance”, sur un poème de Charles Péguy, comme tout le cycle des Liturgies de l’ombre ; “My Sweat Sister”, de Lord Byron, dans Le Livre de l’amour ; et même dans une pièce orchestrale de la même période, comme Une lueur dans l’âge sombre, 2005) ou dans des scènes d’une rage désespérée (l’âpre Medea, d’après un texte de Jean Vauthier).
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Ces différentes inspirations sont synthétisées dans l’ambitieuse cantate pour soliste, chœur et orchestre Athanor (2003), saisissante partition haute en couleurs et en émotions, dont le nom est celui que l’on donne au fourneau des alchimistes. Un symbole et même un emblème pour un artiste qui cherche sans cesse à provoquer le miracle, celui qui permettrait à la musique de transformer l’instant en éternité. "
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Bertrand Dermoncourt.